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Violente sensation de déjà vécu… Mon Chouchou a pris la suite de Mila aux soins intensifs de l’hôpital des animaux…Vous voyez ce qu’est un piquet sur lequel on tape avec une masse pour l’enfoncer dans le sol ? Et ben, le piquet, c’est moi. Et vous savez pourquoi le piquet n’arrive pas à s’enfoncer trop profondément ? C’est parce que le courage des animaux retient la puissance de la masse.

Les miens, les vôtres… tous, et même parfois dans des situations désespérées, font preuve d’une vaillance qui force l’admiration. Ils vont chercher au fond d’eux des ressources morales et physiques là où nous sommes totalement asséchés, peut-être parce que nous avons oublié le chemin qui nous y emmène.

Ils ne se rendent pas compte, diront certains. Qu’ils se détrompent ! Ils ont une connaissance du fonctionnement de leurs corps bien plus poussée que la nôtre. C’est leur instinct de survie qui les guide et ils savent souvent expliquer avec précision là où ça fait mal et comment. Ce n’est pas un hasard si la technique du scanning que je pratique en communication interpelle autant les pros de la santé.

Certes, les animaux n’ont pas, comme nous, le mental qui prend le dessus pour « raisonner » à toute vitesse et faire carburer le cerveau en mode « j’ai une maladie grave, donc déjà un pied dans la tombe ». Ils réagissent, là encore, d’instinct, savent évaluer la gravité, en termes de survie ou de mort. Et dans tous les cas, ils font face.

Ils n’ont pas la même notion de la mort que nous, et, surtout pas nos peurs viscérales de ce vide abyssal. Pour eux, c’est un passage vers un autre monde. En cas de maladie, ils font leurs propres choix. Se battre, et là, ils font preuve d’un courage et d’une détermination dont nous sommes incapables, ou se laisser partir. Des choix dictés parfois par la souffrance, mais aussi par la vie qu’ils mènent sur terre. S’ils sont mal là où ils vivent, s’ils n’ont aucune considération ni relation humaine, s’ils sont malheureux ou maltraités, ils ne feront pas le même choix que s’ils se sentent bien et aimés.

Après, il y a l’inéluctable, la maladie grave, la vieillesse, l’accident… Là aussi, ils savent, ils sentent, si leur heure est proche ou s’ils ont encore un peu de temps.

Depuis que je « parle » avec eux, j’ai en horreur la phrase « Les animaux ont de la chance, au moins nous, humains, pouvons abréger leurs souffrances ». Encore nos sacro-saints pouvoirs remplis de prétention. Ce « geste d’amour », la plupart du temps en est effectivement un et nous demande d’avoir autant de courage qu’eux. Mais parfois, ce peut être une manière « honorable » d’évacuer les scrupules.

Je ne suis évidemment pas contre l’euthanasie mais à force de communiquer avec des animaux malades, blessés, âgés, je suis obligée d’avouer que les humains ont parfois la piqûre facile, y compris, pour certains, pour des convenances personnelles. « De toutes manières, il ne lui restait que peu de temps à vivre... » Et alors, s’il avait envie d’en profiter, lui, et qu’il ne comprenait pas que le fait de « s’oublier » un peu dans la maison à cause de son âge vous dérangeait autant... Attention, je parle bien d’organisation du quotidien et pas de l’argent. C’est une notion que mon esprit rejette. « Les euros ou la vie », je n’y arrive pas, quitte à me mettre dans des situations dramatiques et il en va, dans ce domaine, de la réalité de chacun.

Il n’empêche que je ne compte plus les cas où des gardiens à l’écoute ont arrêté la main du vétérinaire et où les animaux s’en sont sortis. Je ne dis pas surtout pas non plus qu’il faut les laisser souffrir. Je voudrais juste alerter sur le fait qu’ils ont leur libre arbitre et que parfois, nous ne le respectons pas. Je sais combien il est difficile pour nous de faire ce choix pour eux. Parce que je l’ai vécu et parce que de nombreuses personnes m’appellent pour les aider à le faire. Ce sont des communications difficiles, avec la pression et l’angoisse de me tromper. Parce que je suis humaine et que j’ai parfois du mal à admettre qu’un animal refuse qu’on l’aide à partir alors que son corps est une montagne de douleurs.

 Il y a des choses qui nous dépassent, ne pas les comprendre est une chose, les accepter en est une autre mais les respecter est pour moi fondamental.

Juste quelques exemples qui m’ont marquée :

* Ce jeune chat, très malade et qui souffrait beaucoup, qui me montrait une sorte de tissu écossais rouge et vert criard et le faisait se balancer d’avant en arrière, tout en refusant qu’on l’aide à mourir. Je n’ai rien compris, mais ai transmis le message. Un soir, il est parti doucement, blotti dans les bras de sa gardienne, alors qu’elle somnolait en le caressant, sur son rocking-chair, l’ancien plaid de sa grand-mère sur les genoux.

* Cette petite bergère allemande à qui un nodule avait été découvert, bénin et opérable. Elle ne voulait pas qu’on fasse couler son sang, autrement dit, qu’on l’ouvre. L’opération était programmée. Elle est morte d’une hémorragie sur la table d’opération.

* Ce cheval, en colique légère, qui demandait qu’on l’aide… à partir, alors que le pronostic vital était bon. Il est mort la nuit suivante, dans d’atroces douleurs.

* Ce gros chien, chez le vétérinaire pour euthanasie. Sa gardienne m’appelle, en larmes, pour me demander de lui parler une dernière fois. Il montrait une porte et courait. Elle est partie… avec lui ! Ça fait 3 ans et à chaque fois que je le rencontre, je me dis que, nous, humains, ne sommes en fait pas grand chose dans ce vaste univers que nous pensons contrôler…

Un dernier exemple, tout personnel celui-ci. Ma petite Mila, au printemps, en pronostic vital très engagé. Lors de sa 2ehospitalisation, un vétérinaire, avec beaucoup de gentillesse, m’explique qu’ils ne trouvent pas la cause de sa maladie et que, vu le montant exorbitant des frais (je confirme !) il comprendrait que je souhaite la laisser partir. Vu les réactions de Mila en communication depuis le début de sa maladie, je ne me suis même pas risquée à lui poser la question ! Et ce même vétérinaire, 4 mois plus tard « j’ai rarement rencontré un animal avec une telle rage de vivre ». Je confirme encore, elle me le prouve tous les jours !

Bon, pas très drôle mon post du jour. Mais la vie ne l’est pas toujours… et j’avais envie de vous dire tout ça…

Pour l’heure, mes boubous et moi, on va se battre avec et pour Chouchou, lui, qui malgré son grand âge, « dit qu’il n’a pas fini. » Ce n’est pas son heure. Pas le moment, peut être pas l’endroit. Et ça, je le crois, sa présence et son affection depuis plus de 17 ans à mes côtés font partie de mon oxygène.

Et ensuite, on va peut-être hiberner quelques jours dans un igloo, mes animaux et moi, pour terminer cette sale année, loin des violences de la vie et de la maladie. Parce que l’humaine que je suis n’a ni la force ni le courage des animaux et que partager les souffrances des miens et de tous les vôtres au quotidien, a été un peu lourd à porter dans des périodes difficiles à titre personnel.

2019 sera une autre année ! Et la bonne nouvelle est qu’après des semaines de fortes douleurs, la dernière phase de rééducation du genou est engagée. En avant sur les routes pour revenir vous voir !

Très belle fin d’année à tous et plein de courage à ceux pour qui elle n’aura pas été des plus clémentes. Les beaux jours sont devant. 

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