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Il y a quelques années, j’avais regardé un reportage sur les marchés dans votre pays. Une image était restée dans ma mémoire. Celle de l’un de vos congénères recroquevillé dans une toute petite cage, tremblant de tous ses membres et le regard halluciné de terreur.
Sans doute est-ce la raison pour laquelle je n’arrive pas à vous en vouloir d’avoir, peut-être avec la complicité d’une chauve-souris, transmis ce virus dévastateur à l’espèce humaine (et à elle seule…)

Est-ce le hasard, Dieu ou l’Univers qui vous a guidé vers une assiette, provoquant ainsi cette pandémie mondiale ? J’ai envie de dire peu importe. Vous avez déjà gagné au moins sur trois points : l’interdiction de manger des animaux sauvages dans plusieurs pays, qui évitera tant de souffrances aussi terribles qu’inutiles, la terre qui a repris son souffle (pendant que les humains peinaient à conserver le leur…) et la prise de conscience chez les hommes qu’ils ne sont en aucun cas les maîtres du monde.

Certains disaient que les humains ne seraient plus les mêmes « après ». Il n’en est rien. Ne faudra-t-il pas d’autres alertes graves pour que les humains changent profondément et inventent un nouveau mode de société, vers ce changement de civilisation inéluctable ?

Parce que, Monsieur Pangolin, même si vous avez pris la précaution de ne pas toucher le monde animal, aujourd’hui, ce sont les humains qui s’en chargent. Et le moins que l’on puisse dire c’est que votre Corona ne sert pas les animaux.

Les décisions prises par nos hautes instances ne font aucun cas d’eux, pourvu que les « professeurs » puissent poursuivre leurs expériences sur eux pour tenter de sauver la sacro-sainte espèce humaine.

Pire encore…
Le confinement a été terrible pour certains d’entre eux. Je ne vous parle même pas de ceux qui ont été abandonnés au bord des routes, euthanasiés, pardon, assassinés, jetés par les fenêtres, enterrés vivants ou massacrés en groupe… de peur qu’ils ne transmettent « la » maladie.
Je vous parle de ceux que je voyais passer de ma fenêtre, 5 ou 6 fois par jour, avec des humains tous différents, qui les utilisaient comme des « bons de sortie » et qui, comme cette jeune femme idiote tirait sur la laisse d’un geste rageur sans même se rendre compte que le petit chien, 3 mètres derrière elle, était tout simplement éreinté.
Je vous parle de ceux avec qui je communique, pour cause (dixit l’humain) de grognements agressifs, qui me demandaient quand les humains vont sortir de la maison parce qu’ils n’en peuvent plus des enfants qui les bousculent, des adultes qui leur crient dessus, juste parce qu’ils sont énervés.
Je vous parle de ces (très nombreux) appels de « gardiens » affolés parce que leur chien s’est sauvé… en promenade ! « Il ne quittait jamais le jardin et là, il a échappé à une amie qui le sortait ». Ben oui, un beauceron pas éduqué, s’il veut tirer sur une laisse, il faut soit savoir se transformer en Hulk, soit savoir courir, Madame.
Je vous parle de ces personnes qui m’appellent parce que leur chien s’est fait agresser par un autre dans la rue et qui, au-delà des blessures, est terrorisé dans sa tête.
Je vous parle de ceux qui sont brûlés à la javel ou en coma éthylique pour les désinfecter…
Malheureusement, la liste est loin d’être exhaustive.

Alors voilà, Monsieur Pangolin, cette longue lettre pour vous demander si, parmi vos amis sur la terre, l’un d’entre eux ne disposerait pas d’un autre virus.
Oh, pas contre la bêtise humaine, ce virus-là existe déjà et malheureusement n’aura jamais d’antidote. Non, juste un petit virus qui, celui-ci, n’atteindrait pas les poumons, mais les cœurs. Qui ne les ferait pas s’arrêter de battre, mais qui les ferait grossir, grossir, pour qu’ils puissent enfin y accueillir le respect de la Vie et de tous les êtres vivants.
Merci de ce que vous pourrez faire, Monsieur Pangolin. Votre virus m’inquiète, comme de nombreuses personnes. Comme beaucoup, j’ai souffert, en ville avec mes deux boubous, de ce confinement que j’ai pourtant respecté , pour moi mais aussi pour les autres. Mais si j’avais tellement hâte qu’il se termine, c’est aussi pour tous ces animaux qui subissent l’inconséquence humaine.
Un de vos compagnons, sauvage mais qui n’est pas de votre peuple, m’a « dit » que votre virus disparaîtrait subitement, sans autre forme d’explications. Peut-être est-ce vous qui lui avez soufflé pour tenter de préserver les animaux de l’absurdité humaine ? Mais avez-vous tenu compte de l’égoïsme et/ou de l’inconscience de ces humains qui, en bravant les règles, menacent les autres ? Pas sûr, parce que, dans votre monde animal, le mépris n’existe pas.

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