D’habitude, je viens vous raconter la vie des animaux. Aujourd’hui, c’est de celle des humains dont j’ai envie de parler. Parce que, vous le saviez, vous, qu’il existait des dizaines de « centres du monde » ? Et ben SI !

* Y’a celui qui téléphone à 2h1/2 du mat : « mon cheval est en colique, demandez-lui de suite s’il a vraiment mal pour savoir si je dois l’emmener en clinique ou pas » ?!! Celui qui appelle à 5h (toujours du mat) pour... prendre un rendez-vous : « Mais Madame, il est un peu tôt non ? Oui, mais moi, c’est l’heure à laquelle je me lève » Ah..., bon, ben, j’ai rien dit ! Ne pas décrocher ? Oui, mais non, moi j’ai une famille qui vit loin, et à ces heures-là, je me rue sur le téléphone sans regarder qui appelle.

* Celui qui envoie un sms avec une photo pour une consultation et qui, une heure après, s’indigne de ne pas avoir de compte rendu. Heeeuuu, des textos, j’en ai une moyenne de 70 par jour, alors, excusez-moi... Mes demandes répétées de les réserver aux urgences et d’envoyer plutôt un mail restent vaines, alors je n’arrive pas à répondre à tous. En plus, je ne décroche pas mon téléphone pour parler avec les animaux en 3 mn comme les humains !

* Celui qui me contacte pour une vraie urgence. Là, je m’arrête sur le bas-côté d’une route, une aire d’autoroute ou je lâche ce que je suis en train de faire. « Ça y est, le cheval est calme, vous pouvez lui enlever les 3 tours de barbelés autour de son antérieur sans qu’il ne se débatte ? Oui ? Parfait ». Le merci, je m’asseois dessus, le paiement aussi d’ailleurs.

* Celui qui tempête parce que j’ai 5 mn de retard pour une communication par téléphone et avec qui je n’arrive pas à raccrocher 2h 1/2 plus tard parce qu’il veut encore savoir si le petit chat préfère le coussin marron ou vert, se moquant totalement de celui qui attend mon appel après lui...

* Celui qui crie à l’arnaque parce que l’animal ne veut pas parler et qu’il me faut parfois 5 à 7 communications étalées sur plusieurs jours (pour le prix d’une, évidemment) pour comprendre son traumatisme ou la douleur dont le vétérinaire n’a pas trouvé la cause.

* Celui qui, après un de mes stages de formation, m’envoie un message incendiaire parce que je n’ai pas pu me rendre disponible pour la validation d’un exercice... Dans la même série, celui qui me reproche de ne pas lui tenir la main à chaque pas sur ce chemin de l’apprentissage, certes difficile, mais très personnel. Ou encore celui qui, sûr de lui, se déclare communicant pro le lendemain d’un niveau 1 ! Et que dire de celui qui me demande des tonnes de validations jusqu’à ce que je me rende compte qu’il fait passer ainsi tous les animaux de ses amis, sans pour autant travailler, lui !!!

* Celui qui s’estime supérieur, donc forcément son animal vaut 1000 fois mieux que tous les autres réunis, et je dois lui parler im-mé-dia-te-ment sous peine de crime de lèse-majesté et de messages limite insultants.

* Celui qui s’énerve : « M’enfin, c’est pourtant pas difficile pour vous de dire à c’ connard qu’il doit arrêter de se mettre debout ». Le connard, c’est son cheval, vous l’aurez compris. Quoiqu’on pourrait douter...

* Celui qui m’appelle parce que son petit chien s’est perdu ou a fugué et avec qui je passe des heures et souvent des moitiés de nuits. (Pas certaine de pouvoir les localiser, je tente toujours en priorité de les faire rentrer avant de les pister et je l’explique aux gens). Le lendemain matin : « Il est revenu, pas la peine de faire la communication ». Ah... Bon... Ben, au revoir !

* Celui qui demande d’un ton péremptoire le remboursement parce que comme je ne lui pas expliqué ce que l’animal m’avait dit quand je l’ai prévenu de son absence, ça veut dire que je ne l’ai pas fait. Or ça, je n’oublie jamais ! Je les note sur un petit carnet agenda que je consulte tous les soirs. Je sais combien c’est important et, aussi..., ça me fait moins d’animaux à rechercher parce qu’ils ont fugué, inquiets de ne plus voir leurs maîtres ou pire, ça évite des coliques de stress chez les chevaux, des cystites chez les chats etc... Bon, ben les voilà, vos 20 €...  Et bonnes vacances surtout !

* Celui avec qui je passe 2h pour expliquer que le cheval a vraiment très mal et qu’il faut faire intervenir rapidement un ostéo pour remettre cette vertèbre déplacée. « Ok, d’accord, donc, je peux aller en concours ce week-end. ». Heuuu, c’est-à-dire... on est un peu jeudi, quoi...

* Celui qui envoie un sms pour une raison non urgente et qui harcèle avec ces « ?????? » genre « mais qu’est ce que tu fous », qui me sortent par les yeux....

* Celui à qui j’explique que je ne peux temporairement pas me déplacer pour un problème de santé : « Vous n’êtes pas professionnelle alors ». Ben non, sûrement, et j’ai la Sécu aussi, qui me verse un salaire quand je ne travaille pas, je suppose ?!!

J’en écrirais un livre sur tous ces centres du monde. Mais en fait, ce serait juste un livre sur le Monde, sur cette société dans laquelle nous vivons, nous, humains, cette société que nous avons construite, faite d’indifférence, d’impatience, d’intolérance, de jalousie et parfois, il faut le dire, de méchanceté.

Et à côté de ces centres du monde, il y a les autres... Modestes, discrets, gentils, qui me font mal au cœur quand ils s’excusent presque d’envoyer un mail pour me rappeler que je suis en retard…

* Ceux qui patientent au-delà du normal pour leurs consultations sur photos.

* Ceux qui attendent sans s’énerver un de mes déplacements : « avant, on ne connaissait pas la communication animale, donc, on vous attend ».

* Ceux qui font leur chemin d’apprentissage en cherchant les validations auprès des animaux de leurs amis en me demandant juste de temps en temps une précision et qui, à l’occasion d’une rencontre sur le terrain, me scotchent par la justesse de leurs ressentis, preuve indéniable de leur travail.

* Ceux qui m’envoient de petits messages hyper gentils dès que la situation de leur animal s’améliore.

* Ceux qui ne pensent qu’au bien-être de leur animal mais acceptent que cette petite jument enlisée et au summum de l’angoisse ou que ce vieux chien en fin de vie et tout en douleur passent avant leur petit chat qui fait pipi partout depuis des mois.

* Ceux qui, en concours ont un vrai souci inhabituel avec leur cheval, à qui je dis que je vais regarder dans la journée et qui attendent, sans envoyer 25 000 sms « ????? », genre t’es partie te promener ?  

* Ceux qui me font des yeux tout ronds d’étonnement quand je leur réponds « rien, c’est cadeau » quand il s’agit de règlement, alors que certains « oublient » consciencieusement de payer et que tant d’autres ne se posent même pas la question, genre « Ah, mais c’est un travail ? » Ben non, c’est vrai, j’ suis conne, mes boubous chiens, chat et moi on mange pas, on dort à la belle étoile, on s’ déplace à pied et en plus, l’Urssaf et le Rsi sont nos meilleurs potes !

Et en fait, encerclée que je suis par tous les centres du monde, ce sont les gentils, les respectueux, les généreux, les altruistes qui en pâtissent et leurs animaux par la même occasion.

Mais c’est ainsi que tourne notre monde.

Je vais m’arrêter un peu, à partir du 21 août (sauf formations prévues). D’abord pour absorber mon retard et appeler tous ceux qui patientent sans rien dire, ensuite parce que j’ai besoin de « décrocher » dans ma tête. Enfin, parce que j’ai décidé de travailler à la manière de me recentrer sur mon petit monde à moi pour donner la priorité à ceux que je laisse attendre pour céder au harcèlement des uns ou aux caprices des autres.

Remettre mon église au centre de mon village, en quelque sorte... en apprenant à dire « non ». Mea culpa !

Pardon pour ce (long) billet d’humeur, mais ça fait du bien de dire les choses, d’autant que certaines font parfois des bleus à l’âme au quotidien.

Pour terminer sur une note moins... râleuse (je m’y mets aussi, viiite les vacances !!!), je vais mettre ces quelques jours à profit pour créer des ateliers de pratique (personnalisés sur internet et non des forums), de manière à permettre à mes stagiaires de faire des communications accompagnées !

Belle fin d’été ! Et plein de bises à tous vos animaux !

 

 

 

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